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Alex G. 21 ans, Ex Jeune Hébergé par Le Refuge

Je m'appelle Alex, j'ai grandi dans une famille de trois enfants, je suis le benjamin de la famille, j'ai toujours été bon élève, la réussite de mes parents, j'étais, et je suis toujours, la fierté de cette famille d'ouvriers issue du Nord.

Je ne me suis jamais vraiment posé de questions par rapport à mon orientation sexuelle, c'est un peu comme si j'étais né ainsi. Je me souviens quand ma copine Claire en primaire me disait : "regarde comme il est beau Maxence". Et moi par peur, je ne lui répondais pas, mais au plus profond de moi, je pensais exactement la même chose qu'elle. À l'adolescence, par contre, j'en ai beaucoup souffert, je me suis longtemps cherché, sans jamais vraiment m'affirmer, j'essayais de me découvrir en toute discrétion, il y a donc eu quelques fuites sur mon homosexualité.

Au lycée, je me souviens, un matin, une fille est venue me voir et a crié haut et fort en ricanant : "ah, tu es PD !", en éclatant de rire devant la foule qui nous faisait face. J'ai essayé de ne rien laisser paraître, j'étais juste rouge, et sans aucun mot, j'ai poursuivi mon chemin.

Ma vie d'homosexuel a pris un tournant à partir de ce moment-là.

J'ai cherché par n'importe quel moyen, à retourner le cerveau des gens, je me suis rapproché d'une fille, j'ai tout fait pour qu'elle tombe amoureuse de moi, bingo, j'avais trouvé ma couverture ! Elle et moi étions majeurs, à chaque fois qu'elle voulait passer à l'acte, je cherchais par tous les moyens à fuir cet instant. Cette relation ne dura que quatre mois.

Un jour, je me souviens, je prenais ma douche, j'avais oublié de fermer le verrou, mon père est subitement entré dans la salle de bains, sans arrières pensées, pour me taquiner, il m'a dit : "on m'a dit que tu étais PD". Je lui ai répondu "non, je suis bisexuel" en espérant réussir à faire passer la pilule. Il a quitté la salle de bains sans aucune réaction.

Peu après, je m'installe à table avec toute la famille, il me regarde et me dit devant tout le monde "tu étais sérieux à propos de ce que tu m'as dit dans la salle de bains ?" Je lui réponds "bien sur, j'aime les hommes". Que n'avais-je pas dis ! Il a tapé du poing sur la table, l'a retourné et m'a dit clairement que j'étais la honte de la famille et qu'il ne voulait pas de "ça" sous son toit. À partir de ce jour, les insultes ont commencé. Quand je rentrais de l'école, c'était direct : "t'es allé où ? Te faire emmancher ?". Tous les jours, j'y avais droit, ainsi que "les tarlouzes'', ''les pédales'', les ''PD'', ''la vie, c'est un homme une femme'', ''t'es malade, faut te faire soigner !" Toutes ces paroles me rendaient de plus en plus faible moralement.

Intérieurement, j'étais déjà mort, et cette envie de partir me trottait de plus en plus dans la tête. À plusieurs reprises, je me suis sauvé de la maison, cherchant une issue de secours à tous mes maux. Un soir, je me suis couché dans un champ, je me suis taillé les veines, je ressentais cette douleur, mais je n'avais qu'une envie, en finir avec la vie, cette vie. J'ai quand même décidé de rentrer chez moi. Arrivé à la maison, ma mère m'a soigné de suite, elle était aussi fermée que mon père, mais beaucoup moins blessante dans ces propos. Puis, les mois ont passé.

Quelques jours après m'être fait tabasser par un groupe de jeunes en sortant du lycée, je suis rentré chez moi, et j'ai plongé dans un bain, mon téléphone en main. Cherchant du soutien sur internet, sur mon moteur de recherche, le nom du Refuge revenait souvent. Après quelques recherches, j'ai cru à un miracle en trouvant le numéro de la ligne d'urgence de l'association. J'ai appelé et je suis tombé sur Krystal : elle m'a écouté, m'a rassuré et m'a donné des conseils. Avec ou sans Le Refuge, l'idée de partir était déjà ancrée en moi. Parce que quelques jours plutôt, au collège, mon petit frère, c'était fait attraper dans un coin, à cause de ce que je suis. C'en était trop, il fallait que je parte pour qu'il puisse être en sécurité.

Coup de chance, un jour, alors que j'étais en cours, j'ai reçu un SMS de Nicolas Noguier, le Président du Refuge, me disant qu'il y avait une place de libre pour moi sur la délégation de Montpellier.

Quelques jours après, j'ai pris la route direction Le Refuge. Dès mon arrivée, je n'avais qu'une idée en tête, utiliser cette chance qui m'était donnée pour m'en sortir, retrouver une vie correcte, être épanoui, être enfin moi. Au début j'étais un peu perdu. Me retrouver avec d'autres jeunes me sentant "hors-normes", ça me faisait un peu peur, mais en fait,... c'était nickel !La première semaine, j'ai trouvé un job de contrôleur dans les tramways de Montpellier, c'était seulement pour deux jours, mais deux mois après, grâce à mon culot, mon humour et ma joie de vivre, je suis parvenu à décrocher un poste dans une parfumerie, et, après deux mois d'essais très concluants, j'ai pu décrocher un CDI et poursuivre cette activité professionnelle durant un an et demi.

En juillet 2013, j'ai fait la rencontre d'un charmant jeune homme avec lequel je vis aujourd'hui, heureux. J'ai eu l'occasion de voyager aux quatre coins du monde, mais mon voyage aux États-Unis a été un élément déclencheur quant à mon avenir : j'ai repris mes études pour pouvoir travailler dans le tourisme et je cherche aujourd'hui une formation en alternance dans ce domaine. Heureux face à l'avenir.

 

Je voudrais tout d'abord remercier Nicolas Noguier et Frédéric Gal, car aujourd'hui, mes parents sont juste géniaux, je ne vous cache pas qu'il m'a fallu du temps, mais j'ai pardonné et nous sommes de nouveau une Famille.

Merci à l'équipe, à tous les bénévoles, aux donateurs, car sans eux l'association ne pourrait exister. Je tiens aussi à m'excuser auprès de Céline pour le comportement irritable que j'ai pu avoir à son égard.

Je m'en suis sorti grâce à eux, mais aussi grâce à ma volonté, je suis quelqu'un de débrouillard et mon caractère m'a beaucoup aidé dans cette expérience de vie.

La phrase qui me résume aujourd'hui ? "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort".

 

Alex G.

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