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Thomas 17 ans, jeune suivi par Le Refuge

Depuis l'école primaire et particulièrement au collège, j'ai souffert de surpoids. C'était pour mes camarades une opportunité de moqueries et, durant toute ma scolarité, je fus sujet à un rejet violent de la plupart des enfants que je côtoyais à l'école. Ce surpoids fut le premier obstacle que je dus affronter afin d'être accepté par les autres. 

 

J'ai décidé de commencer un régime à la fin du collège, perdis énormément de poids et, alors libéré d'un lourd fardeau et prêt à commencer une nouvelle vie, dû me confronter à un problème nouveau. Ce problème, aussi, provoquait le dégoût chez la plupart de mes camarades de classe. 

 

 

Ce problème, encore, m'empêchait de m'épanouir, et me renfermait sur moi-même. Cette perte de poids qui était censée me libérer me fit prendre conscience d'une chose plus profonde, tapie en moi. J'étais homosexuel. Je pense que ce regard nouveau que j'avais sur mon corps me poussa à observer avec plus de curiosité le monde extérieur.

 

Je commençais à être attiré par des hommes, à chercher l'affection que je n'avais pas pu avoir lorsque j'étais enfant, et par mes camarades de classe, et par mon père qui était constamment au travail. Puis, petit à petit, je pris confiance en moi, j'ai rencontré d'autres gays et eu des petits amis. Mais je vivais tout de même à moitié caché, par peur de la réaction de ma famille et de mes amis que je ne voulais pas perdre.

 

Étant en relation avec un garçon qui n'habitait pas dans ma région, il m'était difficile de le voir régulièrement. De plus, nous étions mineurs et devions donc avoir l'accord de nos parents pour nous voir. Je mentais donc à ma mère, prétextant qu'il n'était qu'un ami qui voulait que je l'héberge le temps qu'il était à Paris. Ma mère, qui au début ne se doutait de rien, fini par avoir des doutes et compris vite que ce garçon qui venait régulièrement à la maison n'était pas qu'un simple ami. C'est donc elle, qui un jour, est venu me voir en me disant : Â« Je sais que vous n'êtes pas que des amis, ne te cache pas derrière ce que tu n'es pas ».Cette soudaine déclaration me gêna, je l'ignorais, elle touchait un point sensible, une intimité qui n'était pas prête à être dévoilée si brusquement. Elle ne m'a pas dit si cela lui faisait du mal ou si elle n'en voyait pas d'inconvénient, mais exposait un fait, sans y mêler ses sentiments. Cette conversation n'eut pas de suite.

 

Mon père ne fut pas mis au courant ou du moins, il ne m'en parla pas.

 

Un jour, un homme m'aborda. Il dégageait une assurance douteuse, un quelque chose qui m'effraya et me donna envie de m'enfuir. Il voulait parler, j'avais peur, mais n'arrivais pas à contrôler mon corps. Il me viola, j'observais la scène sans vraiment comprendre ce qu'il se passait.

 

Les jours passèrent, le dégoût s'intensifia, je voulais parler, je voulais être écouté, j'avais peur. Je fis des recherches et j'ai appelé Sida Info Service, où on me conseilla de contacter Le Refuge. Dans un mail, je leur ai raconté ce qui s'était passé. Écrire fut un premier soulagement. Très vite, je reçus un SMS. C'était le président de l'association, il m'a dit qu'il était de tout cÅ“ur avec moi et cela m'a réconforté énormément. Face à toutes ces difficultés, enfin, je me sentais soutenu.

 

Après plusieurs messages échangés, je me suis décidé à aller à cet endroit qu'on appelait Refuge. Je découvris que je n'étais pas le seul, que de nombreuses personnes souffraient également, étaient rejetées, jugées, persécutées... Cette proximité dans la douleur donnait au Refuge une atmosphère familiale, je m'y sentais bien. Et je me suis lié d'amitié avec de nombreux jeunes, les sorties organisées et les repas passés ensemble me faisant découvrir de vrais instants de bonheur. Petit à petit, j'oubliais cet homme qui avait abusé de moi, je me sentais plus fort. 

 

Parfois, je le recroise dans le train, dans la rue, il me regarde avec insistance et cela m'effraie, mais il garde ses distances. Je me demande toujours si je devais porter plainte, mais ne veux pas raviver cette blessure qui cicatrise petit à petit, ne veux pas attrister et inquiéter mes parents, alors que notre vie familiale a enfin trouvé un rythme serein. Mes amis sont là pour moi, je leur ai tout raconté, leur ai montré à quoi ressemblait mon violeur, ils me soutiennent. Le Refuge, en plus, me donne de l'assurance, c'est un endroit qui fait maintenant partie de ma vie et m'aide à avancer. 

 

 

Un jour, je serais assez fort pour me confronter à lui et tirer un trait définitif sur cet épisode douloureux. 

 

 

Aujourd'hui, savoir que Le Refuge sera toujours là pour moi m'autorise à ne plus avoir peur, à prendre en main cette vie qui a mal commencé. Étant toujours au lycée, mon premier objectif est d'avoir mon bac. Je ne sais toujours pas exactement ce que je souhaiterais faire plus tard, néanmoins, je suis très intéressé par l'art et sa place dans notre quotidien.

 

 

Je souhaiterais remercier Le Refuge pour m'avoir soutenu et pour continuer à me soutenir chaque jour, pour avoir aidé de nombreux jeunes qui, comme moi, attendaient juste qu'une main leur soit tendue.

 

Thomas

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